Par nature, la Bourse repose sur l'anticipation, qu'il s'agisse de la dynamique économique ou, du côté des entreprises, des chiffres d'affaires et des profits. Du point de vue de la croissance, la visibilité n'est jamais dégagée, mais elle a rarement été aussi brouillée qu'aujourd'hui. Prisés par les investisseurs en raison de leur immédiateté (ils sont mensuels) et de leur globalité (ils couvrent les principaux pays), les indicateurs conjoncturels PMI (ex-Markit) ne sont guère engageants : « pour le deuxième mois de suite, l'économie mondiale a pratiquement stagné en septembre », indique l'une des dernières notes.
Même si les émergents s'en sortent mieux, voilà des mois que l'activité manufacturière se contracte et que la croissance ne repose donc que sur les services (comme l'hôtellerie-restauration), qui calent à leur tour. Les prix, rehaussés face à l'inflation, restent élevés alors même que la demande faiblit. De ce fait, les carnets de commandes des sociétés s'étiolent.
Et en zone euro, c'est pire encore. Ambiance…
Pourtant, ce tableau sombre ne fait pas plier la Bourse, même en y ajoutant des taux d'intérêt qui, pour le « 10 ans » américain, se rapproche de 5 %, au plus haut depuis 2007. Pour les entreprises comme pour les ménages, l'heure des refinancements bon marché est derrière nous. Et que dire de l'énergie, rattrapée par un mélange d'offre contrainte et de risque géopolitique : entre le 5 et le 13 octobre, le contrat sur le gaz livrable en novembre aux Pays-Bas est passé de 36 à 54€/MWh. Quant au baril de Brent, qui avait commencé l'été vers 72$, le voilà maintenant au-dessus de 90$/b.
Enfin, si l'inflation se modère, elle reste soutenue, sachant qu'elle a aussi concerné les salaires. N'en jetez plus !
Dans ce contexte, dans quel état d'esprit le marché attend-il les résultats trimestriels que les entreprises viennent juste de commencer à publier ? Si aux États-Unis, les profits devraient symboliquement augmenter au T3, en Europe, ceux des valeurs du Stoxx 600 se contracteraient de 10,4 %, même s'ils seraient stables en excluant le secteur de l'énergie. Par la suite, de nouvelles baisses interviendraient au T4 2023 comme au T1 2024. À voir. Autant dire qu'après plusieurs déceptions sévèrement sanctionnées comme Alstom et EuroAPI, la rédaction s'attachera à décortiquer les résultats, et surtout les perspectives présentées par les directions.
Emmanuel Gentilhomme
Achevé de rédiger 18/10/2023
Un petit aperçu des conseils de la Lettre des Placements cette semaine |
Cette semaine, renforcez Publicis qui a, pour la seconde fois, relevé ses guidances, et vendez EuroAPI, encore décevant avec un nouveau profit warning ■ PAGE 2 ■ CONSERVEZ LVMH malgré un T3 moins dynamique et GTT, dont le carnet de commandes ne cesse de se remplir ■ PAGE 3 ■ GARDEZ Thermador pour sa bonne gestion et Edenred qui voit s'éloigner la menace d'une limitation des commissions. Pour notre pari spéculatif, achetez -Voyageurs du Monde qui paraît peu valorisé ■ PAGE 4 ■ Les conseils d'analyse graphique ■ PAGE 5 ■ Le point sur notre Portefeuille de référence ■ PAGE 6 ■ L'étude du fonds HMG Découvertes, axé sur les petites et moyennes valeurs françaises ■ PAGE 7 ■ Du côté des étrangères, vendez Nexi dont le marché ne veut décidément pas, et Conservez UMG qui profite d'un environnement favorable ■ PAGE 8 ■ Nos confidentiels et l'avis du broker ■ PAGE 9 ■ Enfin, la Rédaction répond à vos questions ■ PAGE 10 ■ | |