La chronique cinéma de Valérie BOAS Novembre 2021

lundi 24 janvier 2022

Je ne sais pas vous, mais moi, avec ce froid polaire, ces jours qui raccourcissent et cette pluie intermittente et glaciale, j’ai encore plus que d’habitude besoin de rire, de rêver, de réfléchir, bref de m’évader.

Et comme le pass sanitaire tient lieu de passeport en ces temps où les voyages sont rares, je me suis faufilée dans quelques salles ce mois-ci et, à défaut d'exotisme, j'y ai trouvé un peu de réconfort.

1) Aline

J'ai bien ri, par exemple, en voyant Aline de Valérie Lemercier. Cette adaptation assez libre de la vie de Céline Dion porte la marque de fabrique de l'une des actrices comiques les plus douées de France: elle joue sans cesse sur la ligne de crête de l'absurde et de la caricature et réussit malgré tout à donner vie à des personnages crédibles et émouvants. Elle a aussi eu beaucoup de plaisir à se glisser dans les tenues improbables de Céline Dion, à jouer les rockstars et à camper un personnage au destin hors du commun, petite dernière d'une famille modeste de quatorze enfants, dotée d'une voix d'or et d'un accent québécois prononcé, mais aussi d'une loyauté inoxydable et d'une capacité d'amour infinie. Lemercier la scénariste fait un bon boulot, mais c'est Lemercier l'actrice qui tient certainement avec Aline l'un de ses plus grands rôles.

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2) Soul Kids

Restant dans le domaine et en Amérique du Nord, sous des latitudes nettement plus clémentes que les bords du Saint-Laurent, j'ai vu avec plaisir « Soul Kids » de Hugo Sobelman. Ce documentaire sobre et chaleureux nous emmène à Memphis, berceau de la musique soul, devenue aujourd'hui l'une des villes les plus pauvres des Etats-Unis, gangrénée par la guerre des gangs et la drogue. C'est dans ce contexte social difficile qu'est née la Stax Music Academy, une école de musique qui accueille, après l'école, des adolescents issus de milieux défavorisés. Caméra posée au milieu des musiciens pendant les répétitions, le film fait revivre l'âme de Memphis, sa musique, et surtout ses voix et sa poésie. Ce que propose le film, c'est aussi une rencontre avec ces jeunes, leurs rêves, leurs doutes et le champ des possible immense que leur offre leur talent et leur travail. Difficile de ne pas ressortir de la salle le coeur plein d'espoir et la tête pleine de mélodies chaloupées.

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3) L'événement

Dans un registre plus grave mais non moins poignant, le film très fort d'Audrey Diwan, « L'événement » est aussi à voir en salles actuellement. Tiré du récit largement autobiographique d'Annie Ernaux, le film raconte l'épreuve que surmonte une jeune fille de 23 ans, en 1963, alors qu'elle tombe enceinte et décide d'avorter. Douze ans avant la loi Veil, son acte la condamne à la clandestinité, à la solitude et potentiellement à la mort. Mais la frêle étudiante en lettres (admirable Anamaria Vartolomei, à l'engagement total), provinciale et réservée, décide de se battre et de ne rien lâcher, consciente qu'elle joue à travers cet événement son destin de femme libre. Filmé sans voyeurisme ni fausse pudeur, le film d'Audrey Diwan, a remporté un Lion d'Or bien mérité à la dernière Mostra de Venise. Il illustre avec une force brute que corps des femmes, de toutes les époques, est un enjeu politique. Il est bon de le rappeler en cette fin novembre glaciale où l'on célèbre une fois de plus la journée des violences faites aux femmes.

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Achevé de rédiger le 25/11/2021

Valerie Boas est une professionnelle de la finance et une blogueuse cinéma.

Retrouvez ses chroniques d'actualité sur son blog : http://theboboblog.wordpress.com

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