Alors voilà, comme ça, d’un coup, c’est reparti. On peut aller au cinéma.
Bon, cela étant, ce n'est pas comme si on était nombreux à se précipiter dans les salles. Au contraire. L'autre soir, à l'avant-première du dernier Ozon, « Eté 85 », c'était la première fois depuis longtemps que je voyais une salle pas trop clairsemée.
Je me demande ce qui explique cette relative désertion. La peur des rassemblements de la part des spectateurs ? Une programmation insuffisamment attrayante de la part des distributeurs, trop timides pour tenter des sorties ambitieuses ? Quoi qu'il en soit, nous autres cinéphiles n'avons qu'à nous réjouir de pouvoir goûter la fraîcheur des salles loin de la foule.
Mais que voir ? En l'absence de blockbusters, les films d'auteurs s'imposent. Mais lesquels ? C'est la question. A laquelle je réponds en trois points
- Benni : c'est le premier film que j'ai vu à la réouverture des salles. C'est aussi le premier long métrage de sa réalisatrice, l'allemande Nora Fingscheidt, qui signe là un vrai coup de maître avec un portrait touchant d'une petite fille de 9 ans incapable de supporter l'injustice de l'existence. L'actrice, qui a l'âge du rôle, est étonnante, touchante et suscite inévitablement l'empathie. Benni, c'est nous !
- Celles qui chantent : quatre court métrages accolés pour rendre hommage à la voix des femmes de par le monde. Inégales, les femmes le sont aussi dans leur voix. Alors que la Callas continue à subjuguer quarante ans après sa disparition, celles qui chantent sont encore souvent étouffées (en Iran, devant la caméra de Jafar Panahi), ou cachées en Algérie. Le film, qui s'inscrit dans le cadre d'un programme co-produit par l'Opéra de Paris, était prévu à l'origine pour un format purement vidéo. Mais il mérite amplement le grand écran.
- Le co-locataire de Marco Berger. Un jeune homme trentenaire doit sous-louer une chambre dans son appartement. Il avait tout prévu pour préparer cette promiscuité forcée, tout sauf… de tomber amoureux de son colocataire. Cette délicate tragi-comédie de mœurs aborde avec finesse le thème de la passion amoureuse mais aussi de la vie dans les grandes villes, servie par des comédiens épatants.

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Et pour ceux qui ont envie d'une bonne comédie, « Tout Simplement Noir » de Jean-Pascal Zadi a l'air de remplir toutes les qualités pour faire revenir le public massivement en salles : un pitch simple et percutant (comment un comédien raté se retrouve propulsé en porte-parole de la cause des Noirs en France), un sujet qui résonne particulièrement juste avec l'actualité en ces temps de « Black Lives Matter ». Mais voilà, je ne l'ai pas vu. Du coup je vais peut-être aller grossir les rangs de ceux qui retournent lentement vers les salles obscures.
Achevé de rédiger le 10/07/2020
Valerie Boas est une professionnelle de la finance et une blogueuse cinéma.