Une très belle victoire pour les investisseurs individuels de Solocal, qui ont su se regrouper et faire obstacle à la recapitalisation que voulaient leur imposer les banquiers et les créanciers. Les épargnants qui sont présents au capital de Solocal, les ex-Pages Jaunes, savent, hélas, de quoi il en retourne.
Lors de l'AG du 19 octobre, les financiers de la société avaient proposé un nouveau « plan de sauvetage » qui revenait à totalement spolier des actionnaires. Ce dernier s'apprêtait à donner le pouvoir aux créanciers, via une augmentation de capital dont le principe reposait sur la transformation en action de l'énorme dette de la société (1,16 Md €). Les actionnaires, qui avaient déjà été sollicités par une opération en 2014, ont alors dit « stop ».
L'association Regroupement PPLOCAL, qui fédère des investisseurs individuels totalisant 10,6 % des actions, n'a pas seulement fait capoter le projet. Elle est parvenue à faire élire trois de ses représentants au conseil d'administration et à proposer un nouveau plan plus favorable aux minoritaires.
Il repose sur deux piliers. Tout d'abord, l'octroi aux actionnaires existants de trois actions gratuites pour deux détenues (contre une pour une dans le projet initial). Ensuite, une « réduction substantielle » du nombre d'actions souscrit par les créanciers : seulement 45 millions de BSA créanciers (la fourchette basse par rapport au premier plan) seront émis si la société n'effectue pas de levée de nouveaux capitaux.
Si tout se déroule comme prévu, le niveau de la dette sera ramené à 400 M €. Objectif : relâcher la pression financière sur le groupe sans marginaliser les minoritaires. Cet accord nécessite l'approbation du comité des créanciers qui devrait se réunir le 30 novembre et l'aval d‘une AG extraordinaire, prévue le 15 décembre. Le chemin vers sa validation sera long, mais cette victoire montre que des investisseurs individuels peuvent parvenir à se regrouper et à défendre leurs intérêts face aux « fonds vautours » qui se nourrissent trop souvent des difficultés de nos entreprises. À La Lettre, nous nous sommes tenus à l'écart de cette valeur. Nos lecteurs ne sont, a priori, pas concernés par cette affaire, mais nous nous félicitons du triomphe de la démocratie actionnariale.
Roland Laskine , Directeur de la rédaction
Achevé de rédiger le 8 novembre 2016