lundi 30 mai 2016
Assurance-vie : les fonds euro-croissance en quête d’un second souffle
Les pouvoirs publics cherchent à relancer les fonds euro-croissance qui deux ans après leur lacement peinent à trouver leur public.
Créer un produit financier est judicieux dès lors qu'il répond aux besoins des épargnants et que tout les incite à y souscrire. D'autant plus, lorsqu'il se présente comme l'alternative au placement préféré des Français, le fonds euros dans les contrats d'assurance-vie. La tâche confiée au fonds euro-croissance en 2014 relevait de la mission quasi-impossible. Après une année de commercialisation, force est de constater que le nouveau produit financier n'a toujours pas séduit. C'est la raison pour laquelle les pouvoirs publics se sentent obligés aujourd'hui d'y revenir. Mi-mars, l'Autorité de contrôle prudentielle et de résolution (ACPR) annonce réfléchir déjà à des aménagements du fonds euro-croissance pour inciter les porteurs d'assurance-vie à délaisser peu à peu les sacro-saints fonds en euros. Dans un communiqué publié le 14 mars, le régulateur du secteur de l'assurance et de la banque envisage différentes mesures, notamment le transfert des plus-values latentes des fonds euros vers les fonds euro-croissance. La Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA) et la Fédération des Associations Indépendantes de Défense des Epargnants pour la Retraite (Faider) semblent satisfaites de la démarche. Surplus de rémunération Cela suffira-t-il ? Le fonds euro-croissance, recommandation du rapport Berger-Lefebvre de 2013 sur l'épargne financière et sur les besoins de financement de l'économie a obtenu le blanc-seing mi-2014. Les premiers produits ont été lancés à la fin de cette année-là. D'entrée de jeu, il se positionne comme une solution intermédiaire entre les fonds euros et les unités de compte dans l'assurance-vie. Il garantit le capital investi, comme les premiers, mais au terme du contrat, et en partie ou en totalité, et peut amener un surplus de rémunération en prenant des risques sur les marchés à l'image des seconds, à condition de consentir un blocage du capital pendant au moins huit ans. Au bout de la première saison, le constat est sans appel. Le produit nouveau n'a pas rencontré son public, tant épargnants qu'assureurs. Sur les 135,3 milliards d'euros collectés en 2015 sur l'assurance-vie, seuls 773 millions d'euros sont venus garnir les fonds euro-croissance, portant leurs encours à 1,8 milliard. Rien à voir avec les ambitions qui prédestinaient à l'élaboration de ces fonds. Avec les contrats vie-génération, autre innovation de 2014, ils devaient apporter à moyen terme 50 milliards à l'économie et résoudre pour partie les problèmes de financement des PME et ETI. Plusieurs raisons expliquent cependant un tel échec. Ce troisième pilier de l'assurance-vie illustre des paradoxes. Dans la pratique, les Français gardent leurs contrats d'assurance-vie en moyenne douze ans. Mais, ils savent qu'ils peuvent y puiser à tout moment. Du coup, la garantie à terme, entre 8 et 40 ans, proposée par les compagnies d'assurance pour les fonds euro-croissance, devient une contrainte. Les épargnants sont très attachés à cette garantie permanente du capital offerte par les fonds en euros. Impact de la baisse des taux Pour les assureurs, cela oblige à protéger le capital de leurs clients. Et donc, pour remplir cette mission au mieux, à investir dans des obligations d'Etat et d'entreprise. C'est une réalité pour les fonds en euros. Or, l'ACPR a constaté que les organismes engagés à garantir 100 % du capital des épargnants dans le cadre d'un fonds euro-croissance plaçaient 90 % des primes sur les obligations, comme dans les fonds en euros. Depuis plusieurs années, les rendements de ces derniers décroissent en raison de la baisse des taux d'intérêt. Les assureurs investissent les nouvelles primes sur des nouvelles émissions obligataires qui rapportent de moins en moins, - moins de 0,5 % pour l'emprunt d'Etat français à 10 ans -, et réinvestissent le produit des obligations arrivées à échéance et dont les taux étaient plus élevés. Selon l'ACPR, ces opérations ont représenté respectivement 10,4 milliards et plus de 60 milliards en 2015. Ces réinvestissements dans des produits moins rémunérateurs diluent la performance des fonds. En 2015, leurs rendements sont ressortis en moyenne à 2,25 % contre 2,50 %, un an plus tôt, et 2,80 % en 2013. Pourtant, même aspirée à la baisse, cette rentabilité séduit toujours les épargnants peu enclins à prendre des risques, car elle est supérieure au taux du Livret A (0,75%) et ce, même après fiscalité, et couvre encore largement l'inflation, qui se situait en France à 0,2 % en 2015. Les organismes ont modifié leur gestion financière, en allant chercher des rendements plus élevés sur des obligations à plus long terme ou alors sur des titres de taux dits à haut de rendement. Mais pour cela, ils prennent plus de risque. Et doivent dès lors composer avec des contraintes prudentielles, issues de la directive Solvabilité II, et immobiliser des fonds propres en face des risques pris. D'où la faible présence des actions dans les contrats en euros. La solution était alors de pousser les épargnants à investir dans des contrats multi-supports, avec des fonds diversifiés en actions, en obligations… Mais sans garantie de retrouver la mise de départ. Par conséquent, seules 20 % des nouvelles souscriptions sont orientées vers les unités de compte : 27,1 milliards d'euros sur les 135,3 milliards d'euros collectés en 2015. Des performances bien plus significatives Coincés entre les contraintes réglementaires, les taux bas et l'aversion aux risques des épargnants, les assureurs cherchaient une troisième voie. Les pouvoirs publics leur ont donc concocté le fonds euro-croissance. Or, aujourd'hui, peu d'entre eux ont tenté l'aventure : Cardif (BNP Paribas), AG2R La Mondiale, Predica (Crédit Agricole), Generali…. Au bout du premier millésime, les taux de leur fonds euro-croissance pousseraient toutefois à l'optimisme. Plus de 5 % dès lors que la garantie porte sur 100 % du capital. Et plus encore, si la garantie est moindre, puisqu'elle offre plus de souplesse aux assureurs dans leur gestion financière. « Le concept nous parle, certifie Julien Fleuret, responsable du département financier de Haussmann Patrimoine, cabinet de conseil en gestion de patrimoine. Nous aimerions amener nos clients sur d'autres produits que le fonds en euros. Aujourd'hui, les fonds euros dynamiques sont cependant plus lisibles que les fonds euro-croissance, car ils gardent une liquidité quotidienne et l'allocation de leur partie diversifiée, généralement investie au travers de fonds flexibles est connue. » Seulement, les clients aiment la simplicité. Ce qui ne rejaillit pas à la première lecture d'un fonds euro-croissance, même si les organismes remplissent leur devoir d'information vis-à-vis des épargnants. En 2013, la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA) et l'institut Ipsos avaient réalisé une enquête intitulée « les Français, l'épargne et l'assurance-vie ». Il en était ressorti que les Français sont attachés à cette simplicité de l'assurance vie : 69 % des détenteurs envisageraient d'épargner moins sur leurs contrats d'assurance vie, voire de retirer de l'argent de ce support d'épargne, si l'utilisation de l'assurance vie devenait plus complexe. A méditer pour les fonds euro-croissance. L'expérience a aussi montré que les incitations, en premier lieu fiscales, avaient plus de chances de décider les épargnants dans l'orientation de leurs investissements. Enfin, la chance des fonds euro-croissance passera sûrement par une nouvelle baisse des rendements des fonds en euros. Encadré : les particularités du fonds euro-croissance - L'épargnant et l'assureur déterminent le niveau de la garantie du capital, de 0 à 100 %. Moins il est élevé, plus l'organisme aura de la souplesse pour investir sur des placements plus risqués dans le but d'accroître la performance du fonds. - La garantie est assurée à terme, entre 8 ans et 40 ans, et non en permanence comme dans le cas du fonds en euros. - Les provisions de l'assureur : o La provision mathématique, comme dans les fonds euros, assure la garantie en capital à terme o La provision de diversification alimentée par la partie des primes non attribuées à la provision mathématique est destinée à doper la performance du fonds et donc à être investie dans des actifs diversifiés, actions, titres de dettes non cotées…. o La provision collective de diversification différée, facultative, permet de lisser la performance pour l'assureur et de la restituer aux assurés par la suite. Article rédigé par Stéphane Le Page |
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