Pas de doute, les OPA sont de retour. Parmi les opérations de grande taille, on peut citer l’offre que Deutsche Boerse va lancer sur le London Stock Exchange, le mariage de Technip et de FMC Technologies ou encore l’approche de Monsanto par Bayer. Sans omettre l’OPA, plus modeste, que Vivendi mène sur Gameloft, ou celle que Total veut lancer sur Saft.
Les entreprises profitent de conditions financières favorables pour étendre leur périmètre et/ou se diversifier, ce qui témoigne d'une ambition et d'une confiance en l'avenir bienvenues. Au surplus, les actionnaires tirent parti de la prime dont s'accompagnent généralement les OPA. Surtout si deux prédateurs viennent à se disputer la même proie.
Malheureusement, cette règle souffre des exceptions que la Foncière de Paris (FDP) pourrait bien illustrer. Ce spécialiste des bureaux fait l'objet d'une offre mixte de la part d'Eurosic dont la composante en espèces se monte à 136€ par action FDP. Autre grand nom du secteur, Gecina s'est lancé dans la bataille en annonçant une surenchère comprenant une offre en cash à 150€. Quel que soit la forme considérée, l'offre de Gecina surclasse celle d'Eurosic d'environ 10 %. Pourtant, il est possible qu'au grand dam des petits porteurs ce soit le moins-disant qui finisse par l'emporter.
Au nombre d'une trentaine, les sociétés d'investissement immobilier cotées (SIIC) à Paris forment en effet un microcosme. FDP possède par exemple 7,5 % du capital d'Eurosic et le tour de table des deux groupes a lui aussi des airs de famille : l'acteur mutualiste Covéa détient 29,6 % de FDP et 21,8 % d'Eurosic, quand le Crédit Mutuel pointe à respectivement 11,5 % et 12,2 %. De plus, Eurosic vient de s'assurer des 26,6 % de FDP détenus par d'autres institutionnels, Allianz et Generali. Puis mardi, Covéa a invoqué d'obscures « problématiques fiscales et de réemploi des actifs » pour choisir l'offre moins-disante d'Eurosic qui, de ce fait, pourrait être en mesure de contrôler le capital de la cible.
Reste à savoir quelle sera la position de FDP, qui ne s'est pas encore décidé. En attendant, on voit mal pour quelles raisons les minoritaires devraient envisager de se défaire de leurs titres au prix le plus bas.
Emmanuel Gentilhomme
Achevé de rédiger le 25 mai 2016