Que la hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) intervienne ce mois-ci ou plus tard ne change pas grand-chose. Le resserrement de la politique monétaire américaine est en cours, il marque la fin de plus de sept années de refinancement de l'économie à taux zéro, en sachant que les opérations de rachats d'actifs financiers qui ont tant dopé les indices ont été arrêtées dès octobre 2014.
Dans l'inconscient collectif des opérateurs de marché, ce changement de politique monétaire aurait dû coïncider avec une franche reprise de la croissance aux États-Unis, comme dans les autres pays d'ailleurs.
Hélas ce n'est pas le cas. Après le FMI, les experts de l'OCDE ont à leur tour revu à la baisse leurs prévisions d'activité mondiale à 3 % cette année et à 3,6 % pour la suivante. Les États-Unis s'en sortiraient bien avec une anticipation de croissance de 2,4 % et de 2,6 %, mais les pays émergents vont mal avec le Brésil et la Russie en récession. La Chine afficherait de belles perspectives (+6,7 % en 2015 et 6,5 % en 2016), mais celles-ci sont inférieures aux attentes.
La correction que nous avons connue au cours de ces dernières semaines correspond à la prise en compte de cette nouvelle donne par le marché. Impossible de dire que l'intégralité du ralentissement est intégrée dans les cours, mais les actions ont désormais retrouvé des niveaux de valorisation plus raisonnables, c'est-à-dire conformes aux moyennes historiques observées en Europe et à Wall Street.
Le krach que certains redoutaient ne s'est donc pas produit. La traduction des événements actuels en termes de stratégie de gestion est claire. Elle incite à une plus grande sélectivité dans le choix des valeurs, avec une préférence pour les leaders mondiaux, pour les affaires dont les bilans sont solides et pour les valeurs qui sont capables de défendre leur marges dans un contexte de moindre croissance. Prudence aussi à l'égard des pays émergents, des valeurs les plus exposées au cycle industriel et des producteurs de matières premières. Ce n'est pas un hasard si le rebond intervenu depuis le début de la semaine concerne en priorité de belles valeurs, comme LVMH, Hermès, Safran, L'Oréal ou Capgemini. Autant de titres que nous avons souvent chaudement recommandés à l'achat.
Roland Laskine, Directeur de la rédaction
Achevé de rédiger le 16 septembre 2015