Chronique Cinéma de Valérie BOAS
mercredi 11 septembre 2013
Venise sera toujours Venise...
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Déjà, en temps normal, il n’est pas facile d’être chroniqueuse cinéma… Imaginez un peu : il faut intriguer pour assister aux projections, s’enfermer dans les salles obscures, prendre des notes dans le noir… Mais quand en plus, on glisse au rédacteur en chef d’une publication qui héberge votre prose qu’on aimerait bien consacrer une chronique à la Mostra de Venise et qu’il ne dit pas non, alors là il faut carrément faire preuve d’une abnégation exemplaire : s’envoler vers la Sérénissime, poser ses bagages dans un petit hôtel entre le Rialto et la Place Saint-Marc, laquelle place on traverse, déserte, au petit matin pour aller prendre le premier vaporetto vers le Lido, histoire de ne pas rater un seul film parmi les quelques centaines qui vont être présentés, en moins de deux semaines sur cette île de la lagune sablonneuse immortalisée par Lord Byron, Thomas Mann, Luchino Visconti. Bref, chers lecteurs, autant vous l’avouer tout de suite : en ce début septembre, à Venise, je n’aurais cédé ma place à personne.
La Mostra est mythique à plus d'un titre et le moindre n'est pas qu'il s'agit du plus ancien festival de cinéma du monde. Périodiquement décriée, concurrencée par le Festival de Cannes –exigeant, pointu et glamour- et celui de Toronto –avec son marché du film dynamique, la Mostra résiste, envers et contre tout et fête cette année ses soixante-dix étés. Elle s'est dotée l'an denier d'un directeur artistique ambitieux et charismatique, Alberto Barbera qui a son franc parler. Sous sa houlette, la Mostra parvient à attirer les stars et surtout, les films inédits. Cette année, George Clooney, Sandra Bullock, Scarlett Johansson, Daniel Radcliffe avaient répondu présents. Car Venise, contrairement à ses concurrents, offre aux films, à tous les films, une rampe de lancement internationale, avec des journalistes et des acheteurs venus des cinq continents, le tout dans une ambiance artisanale car les films présentés sont moins nombreux qu'ailleurs.
Résultat ce cette alchimie particulière : des films éclectiques et enthousiasmants, réunis en un cocktail surprenant. Parmi les plus belles surprises de cette édition, Philomena, de Stephen Frears, qui sortira en France le 8 janvier 2014. On rit, on pleure, on applaudit des deux mains ce concentré d'humour anglais servi avec toute la verve de Steve Coogan et la subtilité de Judi Dench. L'improbable périple d'une vieille dame irlandaise, flanquée d'un journaliste dépressif, à la recherche de l'enfant que des religieuses l'ont contrainte à abandonner, alors qu'elle était adolescente émeut autant qu'il amuse le tout pour dénoncer le drame des maternités précoces dans les sociétés catholiques pauvres. Le film a finalement obtenu le prix du meilleur scénario.
Autre surprise de taille venue de Grande-Bretagne: Locke, de Stephen Knight, avec Tom Hardy. Un homme, la nuit, conduit une voiture qui file vers Londres. Pendant qu'il se fond dans le trafic, il passe et reçoit des coups de téléphone. Peu à peu, projeté dans l'intimité de ce personnage anonyme, le spectateur décode les dilemmes d'un homme ordinaire, à la croisée des chemins. Au delà de l'ingénieux dispositif technique –pas une once de monotonie alors que le personnage ne quitte pas l'habitacle de son véhicule- le film parvient, en quatre-vingt cinq minutes, à faire naître l'empathie et le suspense. Du grand art.
Enfin, l'étonnant At Berkeley, de Frederick Wiseman, documentariste américain et francophile (il a signé des œuvres de références sur la Comédie Française et l'Opéra de Paris). Présenté au cours d'une projection marathon (le film dure 4 heures) à laquelle le réalisateur a assisté intégralement, ce documentaire relate avec brio, délicatesse et pertinence les difficultés –on devrait dire les épées de Damoclès- qui pèsent la prestigieuse université californienne. Seule université publique d'élite Outre-Atlantique, elle défend son modèle et son identité, et ce faisant elle révèle les crises qui secouent la société américaine contemporaine : les difficultés croissante de la classe moyenne, les difficultés persistantes d'intégration des minorités, la montée des individualismes… Passionnant et multiple, à l'image d'une institution digne et en danger.
Dommage que le jury du Festival –présidé par l'immense Bernardo Bertolucci, à qui un film-rétrospective était consacré- ne se soit pas prononcé sur ces deux derniers films, présentés hors compétition. Dommage aussi qu'il n'ait pas distingué certains films radicaux et puissants comme Tom à la ferme, du talentueux jeune prodige québécois Xavier Dolan. C'est un film documentaire italien, Sacro Gra, qui a finalement emporté le Lion d'Or. Mais tout de même, pour ceux qui en douteraient, c'est confirmé : à l'aune du talent, de la beauté et de l'audace, Venise sera toujours Venise.
N'hésitez pas à visionner la bande annonce de ces films en cliquant sur l'image
Valerie Boas est une professionnelle de la finance et une blogueuse cinéma. Retrouvez ses chroniques d'actualité sur son blog : http://theboboblog.wordpress.com |
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