Dans La lettre des Placements, Roland Laskine vous livre son analyse mensuelle du marché pour mai 2013.
Impossible, de nos jours, de faire de la Bourse sans se référer au vocabulaire de la finance anglo-saxonne. Depuis la faillite de la banque Lehman Brothers en 2008 les investisseurs n'ont eu de cesse de rechercher des actifs peu risqués, dits risk off, et d'éviter des placements les plus volatiles, dits risk on. Concrètement, ces choix ont consisté à privilégier les obligations et à se détourner des actions jugées trop dangereuses.
Cette stratégie a bien fonctionné jusqu'au début de l'année, mais le rapport de force entre l'un et l'autre de ces produits est en train de s'inverser. Les taux des emprunts d'État sont très nettement repartis à la hausse aux États-Unis avec un rendement des Fed funds à 10 ans revenu à 2,18 % à son plus haut niveau depuis avril 2012. En France, la hausse est moins forte, mais à 2,08 % nous sommes loin des plus bas de 1,70 % atteint sur les OAT à 10 ans. Les investisseurs se rendent compte que les emprunts d'État ne rapportent plus rien et, qu'au niveau actuel, ils ne peuvent que remonter, ce qui est synonyme de perte en capital. En Europe, l'activité reste atone, mais la vigueur de la reprise qui se profile aux États-Unis ne justifie plus un maintien des taux à dix ans en dessous de 2 %. Les obligations, traditionnellement considérées comme un placement risk off, sont donc en train de basculer dans la catégorie peu recommandable des placements risk on.
Ce basculement se fait au profit des actions. Ces dernières restent certes très volatiles - la chute de 1,89 % du CAC 40 ce mercredi en est le meilleur exemple - mais elles ne se révèlent finalement pas plus risquées que les obligations. Elles offrent de bien meilleures perspectives de valorisation, notamment liées à l'amélioration des profits des entreprises qui ont su préserver leurs marges et aller chercher la croissance là où elle se trouve. Le rendement (4,3 % en moyenne pour les valeurs du CAC 40) devient aussi un argument de poids en leur faveur.
La rotation des placements entre les actions et les obligations que tout le monde attend depuis des mois est peut-être en train de se mettre en place. La remontée progressive des taux à laquelle nous assistons aujourd'hui n'a rien de préoccupant, Elle constitue le signe d'une anticipation de reprise de l'activité, ce qui est bon pour les actions.
Roland Laskine - Directeur de la Rédaction
Achevé de rédigé en avril 2013